jeudi 11 novembre 2010

Frayeur sur Ridgewood

Chers amis,

Vous avez de la chance que je puisse encore vous écrire. Mon heure dernière aurait pu venir.

Il est 19h. Je decide de quitter la petite maison bleue pour aller faire quelques courses au supermarché organique situé à deux rues de chez moi. Je verrouille la porte d`entrée et marche tranquille perdue dans mes pensées. Mon regard est attiré sur ma droite. Une voiture est stationnée avec une femme au volant. Je vois penché sur elle un policier avec gilet par balles. Il lui demande si elle vit ici et si elle a une pièce d`identité sur elle. Je ne pense pas à mal sachant que les policiers font de l'excès de zèle ici en termes de stationnement et d'excès de vitesse. Soudain, mon regard est attiré sur ma gauche. Je vois un policier contre la façade de la maison. Son pistolet est dégainé. C'est peut-etre plus qu'un excès de vitesse. Soudain, il crie reculez tout en pointant son arme vers la maison. Je me dis ok il ne s'adresse pas à moi autant m'éclipser avant de me prendre une balle perdue. Je fais volte face et retourne vers ma maison. Deux options s'offre à moi: me cacher en-dessous de mon lit ou quand même partir au super marché. Je me dis qu`il vaut mieux aller là où il y a du monde, plutôt que d`attendre seule à la maison le bandit en fuite! Je prends donc la parallèle à ma rue. Sur le chemin, je me remémore l`arrestation musclée dont j`avais été témoin à Mons. Dans cette intervention les policiers couraient aussi l`arme au poing! En 24 ans, j`ai vu deux fois des armes qui auraient pu servir, je dois sans doute être en dessous de la moyenne nationale!

Cette petite aventure m`a donné un peu froid dans le dos mais j'espère que si par malheur, je recevais une balle perdue, la famille toucherait le gros lot!!!! On se réjouit comme on peut!

Sur ce, dormez bien caché sous les couettes!

Florence

jeudi 4 novembre 2010

Le paradoxe de l'immigrant

Chers amis,

Voici une petite conversation au coin du bureau.

Immigrant: "qui s'établit/se fixe dans un pays étranger au sien" (définition améliorée du Larousse). Sans avoir beaucoup réfléchi, je suis venue m'établir aux USA. Je suis donc une immigrante. Je suis une immigrante nantie puisque je suis venue aux USA avec un job assuré. Je ne peux guère me comparer aux Somaliens de Minneapolis qui fuient un pays en guerre et vivent dans un contexte socio-economique défavorable. Cependant, tous les immigrants qui n`ont pas la nationalité américaine ont ce point commun de ne pas pouvoir voter.

Les républicains viennent de gagner les élections pour la chambre des représentants et détiennent le poste de gouverneur dans la majorité des états (34 sur 50, je pense). Dans le Minnesota, nous sommes dans une impasse. Le candidat démocrate est en tête mais seulement pour quelques milliers de voix. Les républicains ont donc demandé un recompte! Les idées républicaines sont contraires aux miennes en termes de droits civils. Je ne rentre pas dans les détails mais comme vous le savez les propos racistes, homophobes, en faveur de la vie à tout prix et anti-darwinisme ne sont pas ma tasse de thé quand bien même il y aurait une fête! Les USA vont donc être en partie gouvernés par ces gens qui n'approuvent pas mes opinions ou dont je n'approuve pas les leurs! Est-ce suffisant pour me faire quitter le pays? Est-ce suffisant pour me faire rentrer en Belgique? Non, sans doute pas. Je me pose la question: jusqu'à quel point suis-je prête à rester? Ma situation n'est pas vraiment extrême et donc peut-être inintéressante.

Intéressons-nous plutôt aux immigrants de pays en guerre ou situation de crise. Peu importe à quel point ils sont discriminés, ils ne retourneront jamais dans leur pays d'origine. Par contre, ils peuvent se déplacer, aller dans un pays plus accueillant. Ils peuvent aussi s'organiser pour faire valoir leurs droits ou leurs intérêts. Ils peuvent aussi rester jusqu'à un point tragique car ils ne se considèrent plus comme immigrants mais comme natifs du pays. Alors que les "natifs" ne les considèrent pas comme tel. La situation parait frustrante. Pourtant, une solution toujours existe: se battre et... garder un bon sens de l'humour. Le tea party veut rendre les USA aux vrais Américains... et bien oui, aux Indiens ;-)

Bons baisers de Minneapolis,

Florence